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La vie dans le récit

Notre expérience personnelle comme ressource

Nourrir une histoire de ses propres sensations, de ses propres expériences émotives, intellectuelles, imaginaires, participe à lui donner de la vie, du corps. Exercices pratiques invitant les participants à plonger dans son propre vécu, et d’y trouver les éléments qui permettent de raconter, de communiquer du sensible.

L’expérience directe : prendre un objet dans ses mains, le décrire. Puis poursuivre en fermant les yeux. S’ouvrir à la texture, à l’odeur, aux souvenirs où sensations provoquées par cet objet.

Prendre un objet imaginaire, puis refaire l’exercice de description.

Le souvenir de l’autre : se souvenir d’un objet ou animal dont la rencontre a été marquante. Remobiliser ses sensations. L’autre prend des notes sur les mots et expressions que vous utilisez. Il exploite ensuite le vocabulaire mobilisé pour décrire un personnage fantastique (lutin, fée, sorcière, ogre, monstre…).

Construire ses propres référents : se faire une liste de cinq choses que j’aime, et de cinq choses que je déteste, donner à chaque fois une raison (la sensation éprouvée, le jugement apporté dessus, l’imaginaire auquel il est rattaché).
Décrire un bon personnage en s’appuyant sur les bons référents évoqués.
Décrire un mauvais personnage en s’appuyant sur les mauvais référents évoqués.

 

Exercices techniques

La vie dans le récit est celle apportée par son expérience, par le travail que l'on a fait sur sa langue, son vocabulaire, et la manière dont on va investir personnellement une histoire. Une histoire est également rendue vivante par un éventail de registres que le conteur explore et maîtrise peu à peu. Quelques pistes:

Voix

Registre de langue : Prendre une histoire courte (fable d’Esope), la raconter chacun sous un registre différent : soutenu, familière, argot, poétique…

Les personnages : jeu des points de vue. Sur une histoire courte, tenter de la raconter de l'intérieur, par un personnage, puis par un autre, puis encore un autre.

L’émotion : Raconter un fait divers avec beaucoup d’importance (je transmets l’émotion), puis le même de façon très légère (l’émotion appartient à l’auditoire).

 

Corps

Les signes : échanger un petit inventaire de signes universels (il est fou, stop, mon œil, attention !, de l’argent, la pèche, le pipo, tristesse, dormir, manger…). On fonctionne par devinette : je fais le geste et tu le traduis en mot (à 2 ou en rond).

L’oiseau : « J’aperçois un oiseau/ Je m’approche de lui/ J’essaie de l’attraper/ Il s’envole au loin ». On différencie bien les actions (silence entre chaque phase). On tente des variations de tons et de manière, avec exagération (joie, amusement, surprise, précipitation, nonchalance, ruse, tristesse, étonnement, admiration). Une fois la partition de gestes explorée, on peut le raconter avec les mots en veillant à la complémentarité gestes-mots et à éviter les redondances.

 

Rythme

Le rythme de la parole : Raconter une histoire, l’installer sur votre propre rythme naturel. Puis lorsqu’arrive l’élément perturbateur, le collègue donne avec ses mains ou une percussion un rythme. Dans un premier temps la voix résiste, se perturbe, et peu à peu et va danser sur ce rythme.

Rythme de l’histoire : installer un rythme dans l’histoire, sur la base duquel on peut dilater ou accélérer le temps : - Imposer un ou plusieurs silences de 7 secondes dans son histoire.
- Le paysage : il s’agit de hiérarchiser les moments de son récit. Ici c’est une vallée (mollo), ici une colline (donner du relief), ici une grotte (mystère), ici un pic, ou avec des matières ou des couleurs…

 

Focalisations

Comme au cinéma: Philippe Sizaire utilise dans ses formations le vocabulaire du cinéma, et c'est une bonne façon d'envisager en exercice une histoire. On découpe son histoire par unités de narration, et donc par plans: plan général, focalisation, travelling, point de vue d'un personnage, commentaire hors champs... c'est une façon rationnalisée de prendre conscience que la narration est une vision que le conteur partage avec son auditoire.

En quatre dimension: Pépito Mattéo propose de son côté d'envisager que le conteur, son corps, sa présence est constamment présent dans le film partagé. Ainsi les changements d'échelle, les sensations, les émotions, focalisations... sont vécues et accompagnées par ce corps. le spectateur va alors partager une vision, mais voit aussi sur scène un corps évoluer et accompagner ces changements de plans. La difficulté de l'exercice est dans cet accompagnement: je l'envisage plus comme un dialogue que comme une illustration. Le corps crée alors son propre langage qui va réagir, commenter, parfois résister, subir ou apprécier les changements de focalisation de la narration, et cela devient très intéressant sur le sens, les registres de lecture que le conteur peut développer dans son histoire