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Construire des histoires à plusieurs

Etre plusieurs c'est parfois plus facile pour faire ses premiers pas. C'est se nourrir de l'autre, de son imaginaire, de ses mots, sa façon spécifique d'aborder une histoire. Conter à plusieurs, ce n'est pas forcément pour se rassurer... ça installe un rythme, un musicalité, un effet chorale, ça multiplie les formes de représentations, les pistes de partage d'une histoire.

Quelques exemples d'exercices permettant de sentir tout le potentiel du conte à plusieurs, et d'en expérimenter quelques mises en formes:

 

Mélange de contes connus : Prenons trois histoires connues des enfants (ex : Chaperon rouge, Trois petits cochons, Blanche neige). Découpons chaque histoire en séquences : situation de départ, élément perturbateur, conclusion. Recréons ensuite de nouvelles histoires avec par exemple le début de la première, le milieu de la seconde et la fin de la troisième. Il ne suffit pas de coller les morceaux ensembles pour que la nouvelle histoire tienne la route, il est souvent nécessaire d’improviser quelques aménagements, de faire cohabiter chaperon rouge, cochons et blanche neige, et d’invitent d’intimes liens entre la belle-mère/sorcière et le loup. L’exercice vise à bien comprendre et maîtriser les différentes phases d’une histoire, à stimuler la créativité et l’esprit de synthèse.

Le Patchwork : Trois participants inventent chacun isolément un morceau d’histoire : le premier fixe une situation initiale, le second concocte un élément perturbateur et ses conséquences, et le troisième crée une conclusion. Un arbitre va réguler leurs interventions au moment de la construction de l’histoire : il décide qui commence à parler, quand il doit s’arrêter, et qui doit poursuivre l’histoire…). Les trois conteurs doivent construire l’histoire ensemble tout en veillant à intégrer les éléments qu’ils avaient prévus. Ils ne doivent pas se contredire, ni faire machine arrière. Cet exercice permet encore d’appréhender le découpage d’une histoire, mais offre une liberté plus grande, demande une grande qualité d’écoute et de collaboration afin de parvenir à une histoire aussi originale qu’équilibrée.

Les points de vue : Trois participants reprennent une histoire, une anecdote et s’approprient chacun un point de vue différent pour la raconter. Ils peuvent incarner un personnage, un objet, un élément de la nature… Leur intervention est régulée par un arbitre. Exercice invitant à prendre conscience des différentes focalisations possibles dans la description d’une action, et stimulant l’esprit de synthèse (afin de suivre le fil de l’histoire et de reprendre lorsque l’arbitre nous désigne à l’endroit où la trame a été coupée).

Le miroir : De 2 à 6 participants possibles. Le but est de raconter une histoire tout en suivant les gestes que notre partenaire exécute dans le dos du public (face à nous). Avec 4 ou 6 participants, nous avons deux ou trois conteur qui se partagent l’histoire, et suivent chacun un mime en miroir. Exercice de collaboration, de concentration. Le miroir peut se proposer en échauffement, dans le silence, puis lorsque l’exercice est bien maîtrisé, avec un conte raconté devant un public. Il ne fonctionne bien que si le maître des actions propose des postures possibles à tenir, avec des mouvements lents, faciles à suivre, et sans tourner le dos ou se retrouver au sol (sinon ce sera difficile de le regarder pour le conteur qui doit le suivre). Lorsqu’il est pratiqué à plusieurs, ce sont de véritables tableaux qui peuvent être improvisés, et donner à l’histoire raconter des dimensions intéressantes.

La carte : Lorsque je raconte, j’installe dans l’espace scénique des repères géographiques de l’histoire. J’installe par exemple une rivière que je franchis toujours d’un grand pas, je parle d’une forêt hantée dont je n’ose pas m’approcher, ici un puis profond et tout autour, un champ… Repères placés sur le sol en deux ou en trois dimensions. L’exercice permet de visualiser l’histoire que l’on raconte, de la mettre en présence, de s’immerger dedans, et en même temps de donner des repères au public, repères avec lesquels il est intéressant de jouer.

Les mots des autres : Je raconte une histoire avec les mots des autres. Par exemple, une histoire de peur est annoncée, et je demande aux spectateurs de me donner chacun un mot ou une expression de peur. Pendant que je raconte mon histoire, je dois intégrer tous les mots qui m’ont été donnés. Exercice d’improvisation ludique et captivant,  permettant de mettre en place une certaine complicité avec le public