Des questions d'adulte
On veut se mettre au conte, ou on souhaite développer une activité avec des enfants. Mais par où commencer. Les adultes vont rapidement et méthodiquement se poser les questions de base avec gravité: pourquoi je veux conter? pour qui? et quelles histoires? Et les réponses qu'ils trouveront orienteront leur démarche (même amateur).
Nombre de ces questions requièrent finalement des cheminements personnels, et les conteurs qui ont tenté d'y répondre ont surtout rendu compte de leur propre avis, de leur chemin. De mon côté, je ne peux que vous donner un peu de nourriture sur la question de l'utilité du conte dans
Pédagogie : Apprentissage du vocabulaire, de la saveur des mots, découverte d’autres cultures, d’autres coutumes, d’autres façons de voir, et justification d’une certaine morale transmise. Le conte stimule une forme d’intelligence puissante qui permet de comprendre ce que la raison parvient difficilement à concevoir : l’imaginaire.
Linguistique: Conter, lire, même aux plus jeunes, à ceux qui ne parlent par encore, c'est le couvrir le mots, c'est nourrir un bain linguistique qui le stimule, c'est donner une saveur, une émotion, un sens aux mots, c'est donner à l'enfant le désir d'échanger par la parole, d'accèder à la lecture et à l'écriture. Et si vous éprouvez quelques doutes à ce sujet, contactez Zorha Brahim.
Psychologie : Aider à exprimer ses peurs, à les affronter par histoires interposées, à la fois catharsis et portes ouvrant des espaces d’expression et de dialogues. Je ne suis pas partisant des "contes pour guérir" inventés par les psychologues. Par contre, pour chacun d'entre nous, certains personnages mythiques nous parlent et nous aident à nous construire et nous réparer, et certaines images mentales alimentent notre intelligence et l'aident à se structurer et se situer dans un environnement complexe.
Social: conte et lien social sont très intimement liés. C'est un art qui peut s'exprimer au coin d'une rue, à domicile, autant que sur scène. Il se diffuse facilement dans différentes strates de la société, n'est pas réservé aux enfants, ou aux bobo, ou aux commandes politiques. Les conteurs sont souvent ouverts à plusieurs formes relevant de la famille des arts du récit, et peuvent travailler sur du récit de vie, sur des formes et des thèmes qui contribue à tisser des liens dans une société. dans les années fin 90 / début 2000 en lorraine, les principaux festivals de conte ont été développés par des structures de développement local (défendant l'intégration par la culture, la cohésion et la dynamisation d'un territoire, la valorisation d'un patrimoine).
Animation : Le conte est liant pour plusieurs activités, pour plusieurs expressions artistiques, il est souvent utilisé comme point de départ, fil conducteur d’un jeu, d’une activité, ou conclusion, point d’orgue, indice, retour au calme.
Il installe un rapport convivial d’échange où l’écoute et le partage s’établissent avec simplicité.
Il permet d’intégrer à la fois l’expression corporelle, le mime, des techniques théâtrales, et d’ouvrir un champ d’expression imaginaire large.
Des jeux d'enfants...
Le public enfant a encore bien du temps avant de se confronter à ces problématiques. Par contre, il y a un balisage à faire sur ce que demande le conte, sur ce que cet art stimule chez eux.
Ainsi quelques exercices d'ouverture sont intéressant à envisager, venant du théâtre, de l'improvisation, du conte... des exercices pour former une dynamique de groupe, pour un éveil à la parole qui conte, au corps qui conte, et à cette imagination à qui on demande de produire de l'extraordinaire, de la matière captivante, étonnante, intéressante... Jeux d'enfant uniquement? Souvent l'adulte se plaît à se dérouiller l'imaginaire avec ces quelques jeux. N'hésitez donc pas à les faire avec les enfants, et même à y faire des erreurs.
Principes de départ: le devoir de l'erreur, "qui ne tente rien, ne rate rien, et ne progresse pas", le participant doit accepter de s'exposer à se planter lamentablement dans ses tentatives. Il doit être applaudit pour ça, et encouragé, puis guidé pour s'améliorer. Ainsi lorsqu'un d'entre eux parle, se prêt au jeu, les autres doivent absolument l'écouter, avec patience et bienveillance, afin de constituer un matelat sur lequel jeter ses audaces. Plus le matelat sera de qualité, plus l'audacieux progressera. Une fois ces principes de base compris et pratiqués, il y a une dynamique de groupe qui se forme, et une progression possible pour chacun.
Le ballon : Au départ c’est un ballon, puis cela devient ce que nous voulons. On se le passe en annonçant son propre prénom, puis au bout de quelques minutes on dit le prénom de celui à qui on envoie notre « ballon ». Travail de mime et de découverte de l’autre.
A partir de 4/5 ans
L’aveugle : Par deux, l’un est aveugle, l’autre est muet. Le muet guide l’aveugle dans une pièce par le toucher avec un code définit au début du jeu. Jeu de confiance et de collaboration. Il est possible de compliquer le jeu en plaçant des obstacles (mobilier ou autres participants). Il peut alors se décliner en guidant par la voix.
A partir de 4/5 ans
Tout à fait: Mon voisin révèle quelque chose d’extraordinaire sur moi, une chose improbable à laquelle je dois répondre par « Tout à fait ». Ensuite je justifie ma réponse en explorant les pistes ouvertes par mon voisin.
Ex : Mon voisin : « Il paraît que tu adores grignoter les orteils d’éléphant »
Moi : « Tout à fait ! L’orteil d’éléphant a vraiment un goût exquis, et m’apporter tout ce qu’il faut pour me lever de pied ferme les matins ! D’autant plus que….
Une fois les précisions données, je passe à mon voisin : « Et toi, il paraît que… »
Jeu pour libérer l’imaginaire, se détacher de tout jugement de la part de l’autre, dépasser même l’autodérision pour entrer dans un univers où toutes les associations libres, toutes les idées saugrenues sont les bien venues.
A partir de 6 ans
Pas du tout : Même organisation que le jeu du tout à fait. L’intérêt est cependant légèrement différent, car il fonctionne en s’appuyant sur quelque chose de commun. L’opposition imposée au commun fait entrer dans l’extraordinaire.
Ex : Mon voisin : « Il paraît que tu aimes bien dormir »
Moi : « Pas du Tout ! Je trouve ça complètement inutile, et c’est d’ailleurs le passe temps des paresseux. Non, moi je suis allergique au sommeil, ça m’épuise trop !... »
Ce jeu demande un peu plus de maîtrise rationnelle, mais reste dans cette même dynamique de déridage imaginaire.
A partir de 7/8 ans
Le culbuto : Une personne raide comme un piquet est entourée par 4 autres. Elle se laisse basculer, pousser en avant, en arrière, sur le côté, comme un culbuto. Les quatre autres la poussent, la retiennent… Jeu de confiance et de collaboration de groupe.
A partir de 7/8 ans, avec des enfants ayant le même gabarit
Les statues : En cercle, les corps sont des morceaux de pâte à modelée prêts à devenir des statues, en un mot, ils sont transformés. Personnages, animaux, végétaux, nuages, vents, sentiments, concepts… Les mots sont de plus en plus abstraits à mimer. Lorsque que les corps deviennent statues, ils se font face dans le cercle, afin que chacun puisse être spectateur de l’autre tout en tenant sa posture. Au bout de quelques secondes, l’animateur dit « statue », et les participants reprennent une position neutre en se tournant le dos.
Exercice de concentration, de mime, et de lâcher prise face au regard de l’autre. Oblige à prendre conscience de la façon dont notre attitude est perçue par l’autre (il nous permet notamment de prendre conscience de l’importance de l’expression du visage).
Le jeu peut se décliner en statues mouvantes, statues mouvantes et bruyantes. Il est également possible d’enlever l’animateur (une fois que le jeu est digéré) et que chaque participant donne à tour de rôle le mot qui va être mimé par les statues.
A partir de 4 ans (en fonction des mots choisis)
L’histoire en rond : Le groupe est en rond. Le premier commence quelques mots d’une histoire : « Il était une fois, un lapin ». Le second reprend et étoffe l’histoire de quelques mots : « Il était une fois, un lapin qui avait des petites oreilles ». Le troisième reprend et étoffe à son tour : « Il était une fois, un lapin qui avait des petites oreilles et deux dents pointues… », et ainsi de suite. Il s’agit d’un exercice de collaboration, de mémoire et de compréhension de la structure d’une histoire, par conséquent de synthèse. Le premier tour est consacré à la situation de départ : description d’un ou plusieurs personnages dans un lieu. Le second tour à l’élément perturbateur et à toutes ses conséquences. Le troisième tour installe une situation de fin, une conclusion, une morale si besoin. Cet exercice permet aussi aux participants de se rendre compte des mécanismes de mémorisations qui sont à leur portée: chaque élémlent ajouté est mémorisé avec le participant, et celui qui doit redonner et poursuivre l'histoire le fait généralement en pointant du doigt successivement chaque contributeur en ressortant leur élément.
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